Le Résistant

BAYAS/Elevage de Bergers Allemands


L’Ode des Loups


Quasiment inconnu des habitants du coin, L’Ode des Loups est l’un des plus beaux élevages français de bergers allemands. Parmi les chiots nés à Bayas certains partent pour l’école de chiens guides d’aveugles, d’autres épaulent pompiers et policiers dans leurs missions, beaucoup participent à des concours...


Béatrice Ferrer


Un long chemin, une longère au milieu des bois, l’Ode des loups est un havre de paix. C’est ce lieu isolé que Christophe Beyssen et son épouse ont choisi pour changer de vie il y a huit ans. Originaire de Bordeaux, Christophe Beyssen arrivait à un tournant de sa vie professionnelle, responsable de plusieurs garages de réparation automobile, il supportait mal le stress et la pression. Il a décidé de concilier ses envies d’autonomie, d’indépendance et une passion pour les bergers allemands qu’il n’avait pas pu explorer. «Lorsque j’ai commencé à travailler, je n’avais que 16 ans, j’avais été embauché dans un garage automobile à côté de chez moi Â». «Il y avait une chienne berger allemand qui passait ses journées avec nous, à l’atelier, et chaque matin, elle venait gratter à ma porte pour me réveiller et m’accompagner au boulot». «Ces chiens allient toutes les qualités, beauté, force, intelligence, dévouement à leur maître» explique ce passionné.  Adulte, la vie en ville et la pression du travail ne lui permettent pas de prendre un chien. Pour préparer sa reconversion,  il décide de se former «l’avantage avec ma formation initiale, c’est qu’elle apprend à apprendre Â». Méthodique, il se rend dans des élevages, lit tout ce qui concerne le métier, et se forme à l’école vétérinaire de Toulouse pour obtenir l’agrément puis le certificat de capacité à l’élevage canin délivré par les services vétérinaires. Pour débuter, il doit trouver des reproducteurs, c’est dans l’élevage du Val d’Anzin, dans la famille Trentenaere qu’il trouve ses premiers chiens. Spécialiste reconnu de la race, l’élevage du Val d’Anzin est le premier Français à avoir obtenu une chienne championne d’Allemagne, dans le pays des maîtres du genre incontestés.


C’est en Allemagne que la race a été créée à la fin du XIXème siècle, à partir de chiens de bergers.


Chiens guides d’aveugles


Dès la première guerre mondiale, les bergers Allemands sont utilisés pour détecter les gaz, sauver les blesser des décombres. «Ce sont des chiens qui sont excellents pour la compagnie, mais ce sont aussi les meilleurs dans toutes les catégories d’utilité, ils sont très polyvalents Â» souligne Christophe Beyssen,  « On les retrouve dans tous les métiers : assistance aux handicapés, chez les pompiers, la police, l’armée, et ce sont les rois des concours d’obéissance, de pistage, d’épreuve de courage et d’endurance.»


 Il fournit des chiots à l’école de chiens guide d’aveugles depuis des années, ce qui lui a valu un reportage dans l’émission  télévisée 30 millions d’amis. « L’objectif était de comparer les atouts du berger allemand et du labrador pour assister les aveugles, c’est le berger allemand qui a gagné, mais l’écrasante majorité des chiens d’aveugles restent des labradors, en raison de l’image des bergers, les gens auront plutôt tendance à aider un aveugle avec un labrador qu’un aveugle avec un berger allemand Â».  Trois à quatre chiots nés à Bayas partent chaque année pour l’école de chien guides : «Je sélectionne les parents pour leurs qualité d’équilibre et d’obéissance, et l’école choisi le chiot dans la portée. Il ne doit pas être dominant, ni peureux, des caractéristiques que l’on va pouvoir détecter au bout de 6 semaines».


Chien thérapeute


L’éleveur, très rigoureux sur les arbres généalogiques de ses chiots, évoque les abus,  conséquence des vagues de mode: «Si la sélection n’est pas faite comme il faut des problèmes de consanguinités peuvent apparaître».


Les erreurs d’éducation, comme pour tous les chiens sont aussi à éviter: «Le chien fonctionne dans un rapport de dominant, dominé, il doit savoir qui est le maître, mais c'est un formidable animal de compagnie, pour les enfants comme pour les adultes». 


Christophe Beyssen s’est taillé une solide réputation chez les connaisseurs par l’intermédiaire d’articles dans la presse spécialisée, et du bouche-à-oreille. On trouve des chiens de l’Ode des loups aux quatre coins de l’hexagone et au delà à Dakar,  en Belgique… Il a souvent des nouvelles de ses chiens, et avoue une certaine fierté, lui qui est d’origine modeste, lorsqu’il voit ses bergers allemands partir chez des sportifs professionnels, un député, un diplomate,  un vétérinaire. «Quand j’ai débuté l’élevage je n’imaginai pas faire des rencontres pareilles».


Parmi ses grandes satisfactions, il y a quelques mois, un chien de l’Ode des Loups est parti pour une nouvelle mission, celle de chien thérapeute auprès d’handicapés mentaux : «Il devait  être équilibré, pouvoir supporter les comportements imprévisibles de son entourage, interpréter les gestes, et cela se passe formidablement  bien, les résultats sont impressionnants» se réjouit l’éleveur. Il faut compter environ 800 euros pour acheter un chiot Â«Je sais que ce n’est pas à la portée de toutes les bourses, mais ma clientèle est composée de passionnés, le plus souvent nous restons en contact Â».


Pas de vacances, une vie essentiellement vouée à l’élevage? «Nous avons gagné en liberté, en autonomie et qualité de vie, je ne reviendrais pour rien au monde à Bordeaux.»



 



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